let's operate the blondie spell. (pv)

4pm, hogwart's library.
Roman ne s'habituait pas encore aux regards. Pourtant, ce n'est pas comme si durant ces sept années de scolarité à Poudlard, on l'avait délibérement ignoré. Bien au contraire. Emilia et lui avaient été un couple phare de l'école. Leur relation avait alimenté bon nombres de potins dans les dortoirs de salles communes et lorsqu'il se montrait au bras de la belle Serpentarde (dieu que ça pouvait paraître loin !), il se sentait comme protégé, invincible. Il faisait exactement ce qu'on attendait de lui, c'est-à-dire sortir avec une jeune femme de son calibre, être doué en cours mais pas trop et se montrer brillant au Quidditch. Mais l'armure scintillante qu'il s'était composé à travers cette existence s'était fissurée, affaiblie, et finalement, cassée. Les regards qu'auparavant il affrontait sans sourciller lui donnaient aujourd'hui l'impression de brûler. Il lisait dans leurs yeux comme dans un livre ouvert : l'incompréhension moqueuse, les insultes qu'ils n'osaient pas prononcer sur son passage mais qu'ils n'hésitaient pas à jeter derrière lui, le mépris pur et simple, enfin. Il se sentait comme nu. Et c'était une sensation qu'il avait du mal à endurer. Mais pas autant que la solitude. Avant, il était entouré d'une sorte de cour, il était populaire, apprécié, demandé. A présent, on avait jeté sur lui une opprobe poisseuse qui lui collait à la peau et qui le privait de tous ceux qu'il avait cru être ses amis.

Rongé par ces pensées pourrissantes, il entra dans la bibliothèque sans bruit, ce qui n'empêcha pas les regards de se lever sur lui. Il les ignora tant bien que mal et se dirigea vers le rayon de botanique. Il avait un devoir à rendre sur l'utilisation de la Mimbulus Mimbletonia dans les potions de guérison, et ce n'était pas gagné d'avance. Il avait la tête dans les nuages et la botanique était son point faible (il n'y récolait que des Passable). Le jeune homme avisa alors une table entre les rayons. Il y avait déjà quelqu'un. Un garçon, peut-être un peu plus jeune que lui. Elève de Poufsouffle, à en juger les couleurs de son uniforme. Roman posa prudemment son grimoire et son sac, puis s'assit. Le silence de la bibliothèque était à peine froissé par les chuchotis des élèves, mais le Serdaigle peinait à se concentrer. D'habitude, tout venait tout seul mais aujourd'hui, il avait beau relire l'énoncé de la dissertation, savoir par coeur les propriétés de Mimbulus Mimbletonia, il ne comprenait rien et son parchemin restait désespérement vide. Il se passa la main avec nervosité dans les cheveux, puis se mit à gratter le papier de sa plume vierge, jusqu'à faire un trou dedans. Le bruit retentit comme s'il avait tiré une balle de revolver et il se recroquevilla sur lui-même, de peur qu'on lui lance des regards courroucés en plus d'être moqueurs.

Cette nouvelle journée à Poudlard s’était écoulée dans une monotonie déconcertante. Rien n’était venu surprendre Arthur. Les cours étaient venus avec leur lot de devoirs supplémentaires, les repas n’avaient déjà plus la magie du premier de l’année, quant aux nouvelles moqueries trouvées durant les vacances par ses ‘camarades’ dotés d’une imagination débordante, elles le désespéraient plus qu’autre chose. Déjà, il tombait dans une routine qui lui déplaisait. La même qu'il avait adopté l'an dernier, et encore l'année d'avant. Sans aucun doute la même qu'il connaîtrait pour le reste de sa scolarité à Poudlard s'il ne se prenait pas en main. Heureusement qu’il avait encore les cours pour lui apporter des connaissances supplémentaires qui occupaient son esprit et l'empêchaient de ressasser tout ceci. Aujourd’hui, son après-midi se terminait dans le sous-sol, plus précisément dans la salle de classe du directeur de la maison de Gryffondor, Ugh McManson. Dès que celui-ci annonça que le double cours de potions était terminé Arthur nettoya rapidement son poste de travail, après avoir évidemment donné un échantillon de sa préparation du jour au professeur. Puis son lourd sac sur l’épaule, il quitta les lieux trop humides à son goût à grandes enjambées. D’un pas assuré – grâce à son importante connaissance des lieux -, il commença à monter les nombreux escaliers qui allaient le mener au quatrième étage, là où il passait le plus clair de son temps après les cours ; l'immense bibliothèque de l'école, véritable caverne d'Ali Baba à ses yeux. On racontait que des premières années avaient une fois réussi à s'égarer à cause du nombre d'allées, et d'étagères qui occupaient l'espace. Bien sûr il n'avait jamais été dans ce cas. La bibliothèque était rapidement devenue un autre de ses repères dans le château, au même statut que la salle commune ou le terrain de Quidditch.

Il adressa un faible sourire à la bibliothécaire – qu’il valait mieux avoir dans sa poche pour étudier tranquillement – puis gagna sa place habituelle. A cette heure-ci la table située entre deux rayons était baignée par le soleil ; il profitait ainsi du beau temps, sans pour autant être dans le parc. Arthur sortit de son sac un rouleau de parchemin, une plume, de l’encre, et enfin son livre de Défense contre les forces du Mal. Il avait un devoir sur les épouvantards à rédiger pour le prochain cours, oh joie. Il quitta rapidement sa place pour aller chercher un livre consacré à ces créatures maléfiques puis il retourna s’asseoir. Au même moment un autre élève arriva. Plongé dans sa lecture il ne prêta pas attention au nouvel arrivant, jusqu'à ce que ce dernier choisisse la même table de nuit. Le Poufsouffle leva alors la tête, assez surpris. Qui pouvait bien vouloir s'asseoir vers lui ?

Il découvrit alors sur le sujet de tous les ragots qu’il avait entendu lors des repas, ou même durant les cours. Toute l’école semblait au courant que le grand Roman Deanson, celui pour lequel les filles inventaient des milliers de ruses pour attirer son attention il y a quelques mois encore, avait trompé sa petite amie. Le couple – ‘emblématique’ selon sa voisine en Sortilèges – s’était déchiré. Jusque là tout allait encore, c’était déjà arrivé. Le pire restait à venir. Le Serdaigle n’avait pas défaillit face aux charmes d’une fille, il avait fait tomber dans des filets des garçons. A cause de cela, le sportif populaire avait le droit aux pires insultes. Un traitement similaire à celui que vivait Arthur depuis sa première année. Le jeune homme reporta son regard sur son livre, préférant laisser quelques minutes de répit à Roman. Le Poufsouffle plaignait vraiment le septième année, mais il préférait ne pas lui dire. Il devait avoir quand même gardé une certaine fierté ; ne voulant pas de la compassion d'un véritable looser.

Soudain un bruit perturba le silence de la bibliothèque. Bruit provoqué par Roman qui semblait gêné d’attirer l’attention de cette façon. Peiné par son attitude, Arthur ferma son livre, décala sa chaise de quelques centimètres pour être plus près de l’autre blond, prit une profonde inspiration et se jeta à l’eau. « Tu as besoin d’aide ? Pour ton devoir ? »