HEŸSILÆ ★ « Le serpent de l'Eden »

༺Blood on the snow

❝ Sans doute était-ce une nuit sans pareille à une autre, unique et rare, dans laquelle l’astre lunaire se voulait aussi ronde que le ventre d’une mère à son terme, mais dont la couleur n’était pas d’or pas même d’argent, d’un rouge aussi pur que l’âme d’un rubis, aussi carmin que le sang désertant les veines d’un être vivant. Comme pressentant un danger, les étincelantes compagnes de la dame du soleil s’en étaient allées, se cachant sous un autre dôme bien moins inquiétant. C’était là une soirée damnée des Dieux, à demeurer chez soi jusqu’à l’aurore et quelques heures après encore. Cela sentait la mort, l’abomination, le désespoir et la condamnation, la brise glaciale du rude hiver allait jusqu’à faire frémir les branches désertées par la vie, hurler les creux des troncs, et fuir les flocons qui rejoignaient alors le monde des humains. Une nuit maudite, semblable à quelques autres, mais bien plus sanguinaire que ces dernières. Puis la neige de crisser, sensiblement, tandis qu’une patte obscure se faisait contraste, écrasant le nacre des bijoux de la saison hivernale, délaissant derrière elle une trace aussi nette que menaçante, et le peuple d’autrefois se souvient des anciennes légendes, de ces folklores criant « au loup » sitôt sa queue aperçue… En cette silencieuse nuit pourtant, aucun animal ne s’agite pour prévenir du danger, aucune fourche n’est attrapée, aucune torche ne brûle pour éloigner le démon affamé. Seules quelques lumières brillent au loin, dans cette immense bâtisse qui se dresse face à la créature aux crocs acérés. Faibles lueurs qui attirent son regard dénué de sentiments, de conscience humaine. Il se tait, s’approche silencieusement et hume l’air, avant d’attiser un grondement sous un parfum qui ne fait pas partie de la nature, étranger à tout ce qu’il connaît… Et ses pattes l’incitent à suivre cette piste, à ouvrir l’oreille et plisser son regard assoiffé. L’odeur importune se tenait face à lui, accroupie au sol, ses mains dégageant une fleur au parfum à la fois exécrable et envoutante. L’animal pouvait déceler cette longue chevelure de couleur pâle, ce visage déformé par la concentration, cette odeur d’innocence flottant autour d’elle, telle une aura. L’enfant ne l’avait pas entendu arriver, occupé à déterrer ce qui se devait d’être le plus beau cadeau de noël pour sa cadette. Ce fut là sa seconde erreur, impardonnable, après celle d’être sorti en pleine nuit sans en avertir qui que ce soit. Sa dernière erreur fut de se lever trop rapidement, d’apercevoir le danger bien trop tard, et de n’avoir pas su échapper à la faucheuse sous son visage de loup…
Au petit matin, il ne restait que peu de choses d’Edward Galenorn, et seulement des larmes pour la petite Hellie du même nom. ❞

Et le regard endormi de la fillette s’ouvrit brusquement, observant le plafond enchanté qui avait été installé dans sa chambre. Une comète vint à passer au dessus de son visage de poupée, alors que d’une main, elle dégageait quelques perles d’eau qui s’étaient installées, vérifiant qu’il ne s’agissait pas là de gouttes de sang qui auraient traversé son sinistre songe. Dégageant les couvertures, la délicate enfant déserta son matelas, dirigeant ses pas vers les fenêtres, écartant les sombres rideaux pour observer les flocons de neige rejoindre le sol. Au dehors, il n’y avait nulle trace du monstre au poil couleur ténèbres, et un soupir de soulagement vint franchir ses lèvres. De nouveau, elle franchit sa chambre, ses petits pieds glissant sur le parquet glacé, sa veilleuse éclairant son chemin jusqu’à ce qu’elle parvienne à son petit bureau, tournant la mollette de sa lampe à huile pour obtenir plus de lumière… Son regard vairon et unique cherche le papier pour dessiner, tout autant que le fusain pour le noircir, et c’est dans les alentours des deux heures du matin que l’enfant de six ans se lance dans une chasse aux souvenirs, griffonnant son songe sur le papier blanc, avant que Morphée ne se rende compte de sa fugue et ne la ramène dans ses bras.

Au petit matin, c’est une silhouette gracile et plus âgée qui pénètre la chambre, tirant les rideaux pour laisser entrer la lumière… Un sourire amusé sur l’enfant endormie dans une étrange position, puis des mains qui cherchent à la réveiller, n’obtenant qu’un vague grognement accompagné d’un soupir las. « Allons Heÿsilæ, il est l’heure de te lever ma chérie… Ton frère t’attend pour faire un bonhomme de neige. » Des paroles magiques, et le regard de velours de la petite héritière étincelle d’ores et déjà, alors que le corps s’active et saute du lit. Un rire amusé et déjà celle qui est mère et épouse farfouille le placard de sa cadette, à la recherche de vêtements chauds, cessant son activité sitôt son regard croisant un portrait éveillant souvenirs douloureux dans son âme et sa poitrine. « Ma chérie… Qui t’a donné ce dessin ? » La concerné de se diriger vers le petit bureau puis d’hausser les épaules. « Je l’ai fait moi-même. C’est oncle Edward quand il était petit. Tu sais, il voulait te cueillir une fleur des neiges quand le loup l’a attaqué. Mam… maman, pourquoi tu pleures ? » Les larmes. C’était bien la première fois que la cadette Arkadÿevna voyait sa génitrice pleurer… Venait-elle de faire une bêtise ? Non… Elle venait d’offrir à sa mère la réponse tant attendue, celle qu’elle n’avait jamais obtenue… Et les Galenorn comprirent que la dernière née venait de retrouver un héritage perdu…

༺All you need… is magic !

« Silæ nous allons être en retard ! Dépêches-toi de trouver cette baguette magique ! » Et la concernée de hurler mentalement, puis de compter jusqu’à dix, cherchant à se remémorer où avait-elle put voir sa baguette en dernier lieu… La salle de bain ? Non. Le salon ? Son père l’aurait certainement trouvé depuis ce matin… Sa chambre ? Elle était en train de la mettre sans dessus-dessous pour la retrouver, et rien ne se présentait à elle. Et intérieurement, elle ne put s’empêcher de songer que son don aurait été plus que le bienvenue MAINTENANT ! Toutefois, sans doute fallait-il croire que cette malédiction se présentait à elle quand elle le souhaitait, en d’autres mots… Au moment le plus importun qu’il soit. Rejetant violemment un oreiller contre le mur, la cadette Arkadÿevna finit par se relever, époussetant sa robe bleutée sans avoir rien trouvé qui ressemble de près ou de loin à sa baguette magique. Furieuse et pourtant tout aussi dépitée, elle attrapa son petit sac avant de siffler sa chauve-souris. Tant pis, elle allait devoir faire sans jusqu’à ce que l’un de ses parents la retrouve. Descendant les escaliers non sans se faire éléphant sur chacune des marches, une moue boudeuse vint rapidement prendre possession de son minois, obligeant son frère aîné à éclater de rire sous cette vue enfantine. « Je suis certaine que tu y es pour quelque chose Asher ! » laissa t’elle dès lors entendre, obliquant un regard assassin sur le concerné. « Sais-tu que c’est vraiment mesquin de ta part d’accuser sans avoir de preuves ? » De preuves ? Elle n’en avait guère besoin. Son frère était le plus indiqué dans la perte de son instrument de magie… Ne lui faisait-il pas le même genre de coup chaque année depuis qu’elle était inscrite à Poudlard ? L’an passé, c’était son chaudron qu’il lui avait caché, pourquoi cette année serait-elle différente ? Ignorant ce dernier, et passant devant lui, elle ne tarda pas à rejoindre leurs parents au dehors, où ils les attendaient pour transplaner jusqu’à la gare. Glissant sa main sur celle de son paternel, elle fut la première à partir, puis arriver face aux rails de chemin de fer. Le Poudlard Express n’allait plus tarder. Encore quelques minutes… Puis ce fut le tour de son frère d’arriver… Et les adieux allaient enfin pouvoir commencer, chacun recevant mille-et-une consigne, des embrassades chaleureuses et autres. Car après tout, ils ne se reverraient pas jusqu’aux prochaines vacances de noël…

Un bruit attira enfin leur attention, et celles d’autres étudiants vivant à Newcastle. Le Poudlard Express venait d’arriver, plus bruyant que jamais, toujours autant remplis d’autres élèves. Attrapant sa malle, Heÿlisæ délaissa sa famille, cherchant un compartiment libre du coin de l’œil, ou tout simplement celui où elle retrouverait ses amis. La seconde option fut la meilleure, et très vite, elle se laissa tomber sur le siège, non sans avoir détaché sa chauve-souris de ses cheveux, l’installant dans un coin d’ombre… Les longues discussions sur les vacances passées allaient enfin pouvoir commencer, sitôt que le train reprendrait son chemin… Et d’un dernier signe de main, la cadette fit ses adieux à ses parents, se promettant de leur envoyer un hibou sitôt qu’elle arriverait au château. Puis les heures s’écoulèrent, les discussions de même… La dame aux bonbons venait à peine de passer qu’une tête connue passa l’encadrure du compartiment. « Qu’est-ce que tu veux Asher ? » laissa filer notre héroïne entre ses dents… « Je crois que tu as oublié ceci … Je l’ai trouvé dans mon sac. Tu penses que tu l’as rangé là par mégarde ? » Une baguette entre ses doigts… SA baguette. « ESPÈCE DE DRAGON VÉROLÉ, CITROUILLE POURRIE ! VERRACRASSE FUMÉ ! » Alors ? N’avait-elle pas raison lorsqu’elle clamait que son frère était coupable ? Croyez-le ou non, mais il est bien rare que la jeune fille ait tort … Et plus encore… Sachez que son frère est le seul à savoir la tirer hors de ses gongs… A bon entendeur.

Bienvenue et bonne chance pour ta fiche.